25/09/2006

La 54ème édition du Festival International du Film de San Sebastián s'est ouverte sous les couleurs de la bannière nationale. Car cette année, les programmateurs ont décidé de bouleverser les habitudes en ouvrant la compétition officielle sur une comédie 100% espagnole Vete de mí (lit. "Ne t'approche pas de moi") de Victor García León.

Le film, dont le sujet n'est en rien spécifique à l'Espagne, pimente son thème principal – les difficultés des jeunes générations à quitter leurs familles – avec une pincée de "syndrome de Peter Pan" et une pointe d'amertume post 68, dont les idéaux semblent aussi séchés qu'une marguerite sous vide. Et on assiste, pendant près d'une heure et demi, aux efforts – sans succès – d'un père (Juan Diego) qui tente de chasser son fils (Juan Diego Botto) de sa vie déjà bien assez compliquée, et surtout de son minuscule appartement…

C'est une bonne surprise que ce premier essai du jeune réalisateur. Cette comédie, qui ne cherche pas à provoquer des rires faciles, creuse dans les dédales des conflits familiaux pour expliquer comment, de nos jours, un fossé sépare le conformisme et le fait d'accepter certaines règles. La première attitude, une scandaleuse addiction à certains conforts, n'a rien à voir avec les combats menés contre les dictatures morales ou politiques, et qui malheureusement, doivent faire face à un monde de plus en plus pauvre en idéaux.

Les acteurs du film, quant à eux, confirment une période faste pour le cinéma national. Juan Diego, en général sous-traité au cinéma relativement à la densité de ses performances, saisit ici l'essence d'un personnage introverti dont les explosions sont, toujours, excellentes. Juan Diego Botto confirme un talent qui, même s'il ne brille pas, apporte vérité et intensité au film. Enfin, pour ce qui est des seconds rôles, il faut souligner le tournant magnifique que prend Rosa María Sardá en mère en pleine crise de ménopause, qui n'arrive pas à choisir entre anti-dépresseurs et marijuana.

Vete de mi est produit par le vétéran Juan Gona (Gona Cine y Televisión S.L.), qui n'a pas seulement créé une maison de production mais un véritable label "cinéma d'auteur", au service des réalisateurs, pour la plupart débutants.

Ce film fait partie d'un ambitieux projet soutenu par Principato di Asturias (une région du Nord de l'Espagne) pour promouvoir des jeunes réalisateurs locaux. Grâce à un financement conséquent, trois d'entre- eux vont pouvoir exercer leurs talents derrière la caméra. Un bon exemple de décentralisation qu'on souhaite voir se répandre.

(Traduit de l'italien)