Les festivals prolifèrent sur fond de crise
par Michela Greco - Cinecittà News
Est-ce que les festivals servent les films ou bien le contraire ? Les festivals sont-ils une vitrine utile aux produits cinématographiques ou génèrent-ils eux-mêmes des contenus ? Pourquoi les festivals continuent-ils de proliférer alors qu'ils sont de plus en plus en crise ?
Voilà quelques unes des questions discutées au congrès organisé par l'Afic – Association des festivals de cinéma italiens et intitulé "La promotion du système cinéma : le rôle culturel des festivals qui s'est déroulé hier à la Maison du Cinéma. Dans ce débat, modéré par Giovanni Spagnoletti et Steve della Casa, sont intervenus le professeur d'université et conseiller de Cinecittà Holding, Severino Salvemini, ainsi que Jonathan Davis de l'UK Film Council, Alain Modot de Media Consulting Group, le réalisateur et conseiller de l'Istituto Luce, Maurizio Sciarra, l'attachée de presse, Flavia Schiavi, Piero Colussi de Cinemazero et Giuseppe Massaro du Media Desk/Anica.
Si tout le monde s'accorde sur le fait que les festivals sont indispensables, les conséquences concrètes des sélections et des prix sur le destin des oeuvres qu'ils promeuvent restent toujours à interroger. "Les événements des festivals liés au cinéma ont naturellement une série de répercussions positives, notamment sur les entrées, le tourisme, le travail et les revenus de ce secteur, ainsi que sur la formation du goût esthétique des spectateurs et sur l'attractivité du cinéma pour les talents de la création", explique Salvemini, "mais il est difficile d'établir une relation directe entre les prix reçus dans les festivals et le succès des films en salle".
La recherche de Salvemini qui prend pour exemple cinq des plus grandes manifestations internationales (Berlin, Cannes, Venise, Toronto et Locarno) au cours de la période 2000-2005, produit des résultats contradictoires et difficiles à lire. Si le Festival de Cannes semble le plus efficace dans l'absolu, avec 12 films primés sur 14 qui ont obtenu des résultats importants au box-office, des six grands vainqueurs de Toronto, trois seulement ont obtenu des résultats bons ou exceptionnels, alors que les trois autres, gérés par le même distributeur, ont été des échecs.
C'est donc le distributeur qui serait l'acteur décisif dans ce qui se transforme souvent en guerre pour s'accaparer les meilleures avant-premières ? Selon l'analyse de Jonathan Davis, c'est surtout le vendeur qui joue un rôle déterminant, plus, même, que celui des grands producteurs, que l'on imagine souvent comme des gens très influents. "Des analyses comparatives sur les films européens et leur circulation", souligne Davis, "ce qui ressort c'est que les festivals, bien qu'ils privilégient souvent les productions nationales, sont un instrument important qui permet de vendre et de faire voir les oeuvres à l'étranger".
En revanche, pour renforcer leur rôle culturel, les événements moyens et petits devraient mettre davantage l'accent sur l'identité et la tradition et unir leurs forces, car la logique de réseau accroît la concurrence.
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