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UK, conclusions du rapport gouvernemental sur l'état de santé de l'industrie (octobre 2003)

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Une commission gouvernementale a enquêté sur l'état de santé de l'industrie cinématographique britannique. Voici les conclusions du rapport.

Les politiques en faveur des incitations fiscales

Le 18 septembre dernier, une commission gouvernementale d’experts a publié un rapport exhaustif sur l’état de l’industrie cinématographique britannique. L’objectif: déterminer les défis auxquels cette même industrie est confrontée au coeur d’un marché international compétitif et identifier dans quels domaines le soutien public pourrait être développé.
L’enquête a abouti aux mêmes conclusions que celles précédemment avancées par les principaux organismes du 7ème art britannique: la nécessité de maintenir, voire d’amplifier, le système d’incitations fiscales et de renforcer l’action des chaînes de télévision (la BBC en particulier) en orientant leurs aides à destination des films nationaux.
Un rapport analysé dans le détail par Cineuropa, y compris les conclusions de la Chambre des Députés et les recommandations faites au gouvernement anglais.

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1. Il existe une industrie cinématographique britannique

A la fin de l’année dernière, un groupe de onze députés (majoritairement travailliste) a été chargé de dresser un état des lieux de l’industrie cinématographique britannique par le biais d’une évaluation précise des dépenses, de l’adminidtration et de la politique du Ministère de la Culture, des Médias et des Sports (DCMS).
Sur la base d’une question ouverte intitulée “Existe t-il une industrie cinématographique britannique?”, la commission choisie par le DCMS, dirigée par le leader travailliste Gerald Kaufman, a réduit son champ d’analyse à six domaines:
- la contribution de l’industrie à l’économie du Royaume-Uni
- l’importance des films anglais sous l’angle de ”l’Angleterre en Angleterre”
-les rapports entre les industries cinématographique et télévisuelle anglaises
-la nature du soutien de l’Etat à l’industrie
-la structure et le rendement de l’industrie
-l’action du British Film Council et du British Film Institute.

Après six mois d’investigation, incluant des interviews de plus de 100 professionnels du cinéma et des télévion anglaises et américaines (parmi lesquels les producteurs Michael Kuhn, Eric Fellner, Tim Bevan, Jeremy Thomas, et la réalisatrice Gurinder Chadha) et de représentants gouvernementaux, la Commission est arrivée aux conclusions suivantes: il existe réeellement une industrie cinématographique britannique qui se révèle extrêmement importante pour le pays, en termes de culture et d’économie.
Sur un total de dépenses mondiales dans la cinéma qui s’élevait l’an dernier à environ 63 millards d’euros, la part de marché du Royaume-Uni représente 5 pour cent, un pourcentage faible comparé à celui des Etats-Unis (80 pour cent), mais très élevé par rapport aux 15 pour cent restants que se partage le reste du monde.
Sur le plan purement financier, l’industrie cinématographique britannique a investi, durant les cinq dernières années, 1,7 milliards de livres sterling à l’étranger, et 1,1 milliard dans les productions nationales. Et durant la même période, les allégements fiscaux ont représenté environ 860 millions de livres sterling.
Le secteur le plus rentable pour l’industrie locale s’est révélé la fourniture de services pour les studios Hollywoodiens qui se déplacent en Grande-Bretagne pour réaliser des films à gros budget, en tirant profit des avantageuses incitations fiscales, de la qualité des équipes techniques et artistiques, des structures et de la langue anglaise en commun.
En 2002, 19 film de fiction réalisés par des majors américaines ont été tournés au Royaume-Uni avec des investissements entrants estimés à 234 millions de livres sterling. Par ailleurs, 165 millions ont été dépensés pour la réalisation en Grande-Bretagne de 42 films nationaux et 133 millions pour 43 coproductions tournés à l’étranger.

2. L'industrie de la production

Selon le rapport, le secteur demeure avant tout “un travail à domicile sous-financé, fondé sur des initiatives d’entreprises individuelles qui font avancer des projets uniques”. L’industrie de la production a souligné le faible développement de la distribution nationale et internationale. Le marché de la distribution britannique est rendu, plus qu’ailleurs, particulièrement difficile pour les distributeurs, en raison du bas rendement des tarifs de location (de 25 à 40 pour cent en fonction du film et du revendeur), de coûts publicitaires parmi les plus forts du monde et à cause de la domination sur le marché des majors américaines qui sont complètement intégrées dans le système.

Le manque de soutien des télévisions (BBC, ITV, Channel 4 et Granada) est un autre inconvénient majeur pour le Royaume-Uni, si on compare sa situation à celles d’autres pays européens comme la France, l’Allemagne ou l’Espagne, où les chaînes de télévision sont obligées par la loi à investir dans la production cinématographique nationale.
Dans le rapport, le British film Council a violemment critiqué le niveau de soutien actuel apporté par les télévisions à l’industrie cinématographique, le qualifiant de “déplorable” en termes financiers. Une vision partagée par une grande partie des professionnels, dont Stewart Till (UIP) et Anthony Minghella, le directeur du British Film Institute.
De fait, BBC et Channel 4 investissent chaque année environ 10 millions de livres sterling (1 pour cent à peu près du budget annuel de la BBC), et ITV a déclaré ouvertement à la commission ses réticences à investir dans un secteur considéré comme “trop risqué”.

3. Des incitations fiscales essentielles

En réponse aux nombreuses revendications de l’industrie et aux “difficultés chroniques depuis des années”, la commission a identifié plusieurs secteurs-clés ayant besoin de l’intervention de l’Etat, avec deux priorités:
- la poursuite et l’amélioration de l’actuel régime fiscal en faveur du cinéma
- la nécessité d’augmenter le niveau des investissements des radio-télévisions nationales

Introduit en 1997, le schéma de la section 48 prevoit 100 pour cent de déductions fiscales pour les investissements dans la production ou l’acquisition de films britanniques qui ont un budget inférieur à 15 millions de livres sterling, avec un plafond fixé à 12-14 pour cent des budgets de production. Comme l’a souligné la Commission, “pour les studios hollywoodiens et les autres cinéastes étrangers, ce système de déduction fiscale semble avoir remis à égalité le Royaume-Uni et les autres pays de réalisation de films comme le Canada, l’Irlande, l’Australie, la Nouvelle- Zélande et la République Tchèque ”. En ce qui concerne les films anglais, l’incitation fiscale semble leur avoir offert un atout à faire valoir lors des négociations, comme l’a expliqué à la Commission un des plus anciens producteurs, Jeremy Thomas. “La Section 48 a généré une énorme quantité d’argent pour les producteurs indépendants et leur a permis de dire: je peux descendre de 20 pour cent, trouvons un accord. Pour la première fois d’après mes souvenirs, il existe une arme de négociation pour les entrepreneurs de la production britannique et la perdre signifierait se tirer une balle dans le pied.”
Sur la base de toutes les témoignages recueillis auprès des professionnels anglais et américains, la commission en a conclu que les système actuel d’incitations fiscales était “d’une importance vitale pour maintenir un afflux de grandes productions étrangères et également indispensable pour la promotion d’un grand nombre de productions nationales”. Les députés ont en outre conseillé au gouvernement d’accélérer le débat sur l’avenir des incitations fiscales de la section 48 dont la fin est programmée pour juillet 2005), mais aussi de la faire évoluer vers une sorte d’“enfant de la 48” qui se consacrerait davantage à la distribution. Le British Screen Advisory Council- BSAC a confié à la Commission que les incitations actuelles “devraient évoluer en liant le volet distribution et son marketing aux décisions de production, et en adaptant les opportunités fiscales de manière à rapprocher rapidement les deux secteurs”.
Barry Jenkins de l’Association de l’Exploitation Cinématographique (Cinema Exhibition Association) a souligné pour sa part qu’il “faudrait donner encore davantage aux distributeurs afin qu’ils dépensent plus en matériel promotionnel et en publicité. Car une injection d’argent en direction des distributeurs, destinée justement au matériel promotionnel et à la publicité pour un produit spécifique, permettrait sans aucun doute d’obtenir des écrans supplémentaires dans le pays pour montrer ce même produit ”.
Le projet des incitations fiscales “enfant de la 48” est actuellement en discussion auprès de BSAC, du Ministère de la Culture, des Médias et des Sports, du British Film Council et du Ministère du Trésor, et sera rendu public ultérieurement.

En ce qui concerne le soutien des télévisions publiques, la Commission a suggéré une augmentation des engagements de la BBC. Une réorganisation de l’Ofcom (autorité de contrôle des médias) en particulier, pourrait jouer un rôle significatif dans l’amélioration des relations entre les chaînes de télévision anglaises et l’industrie cinématographique nationale, en utilisant par exemple la Déclaration de Politique des Programmes réclamée par les télévisions.

Enfin, le rapport a rendu hommage aux résultats obtenus par le British Film Council qui a notamment redynamisé le rôle déterminant joué par le British Film Institute comme gestionnaire des archives ciné-télévisuelles. Il a donc recommandé au gouvernement de pourvoir au financement des deux agences afin qu’elles puissent remplir leurs objectifs. Par ailleurs, les personnalités les plus en vue de l’industrie britannique ont accueilli le rapport avec un grand enthousiasme. C’est maintenant au tour du Ministre d’évaluer le travail accompli.
Les professionnels anglais espèrent désormais que le Gouvernement suivra les préconisations, comme cela était arrivée à l’occasion du précédent rapport de la Commission qui avait conduit à l’introduction des déductions fiscales pour les investisseurs cinématographiques britanniques.

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