email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

CANNES 2007 Quinzaine des Réalisateurs / PT

O Estado do mundo : Six regards, six lucarnes sur le monde

par 

La Quinzaine des Réalisateurs cannoise était fière, disait ce matin Olivier Père, de présenter en avant-première internationale O Estado do mundo, un long métrage composé de six films de réalisateurs internationaux. Il s'agit d'une commande de la Fondation portugaise Calouste Gulbenkian, qui, dans le cadre de ses 50 ans, organise de nombreux événements culturels. Luis Correia, producteur exécutif du projet pour Lx Filmes, a ainsi proposé à quelques cinéastes de faire un film sur ce thème de 15 minutes, sans autre contrainte, sinon budgétaire. «En recevant et en visionnant chaque court métrage», nous confiait-il ce matin après la projection, «j'ai été frappé qu'ils abordent tous des sujets si proches : la mémoire, l'histoire, l'identité. Cela donne une sorte de kaléïdoscope sur le monde.»

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)
Hot docs EFP inside

O Estado do mundo frappe en effet par sa cohérence et sa poésie. Le Thaïlandais Apichapong Weerasethakul filme le premier et le plus lumineux de ces courts métrages, un rituel d'enterrement sur un fleuve où toute une famille se regroupe pour jeter à l'eau les cendres du défunt. Quand les autres ont utilisé le support numérique, lui s'est emparé de sa caméra Super 8. Elle donne à l'image son grain vibrant. Elle capte la mouvance de l'eau et, dans les gestes de la cérémonie et les visages de tous les âges et de tous les sexes, une spiritualité immanente qui dépasse la mémoire du mort. Le Brésilien Vincente Ferraz s'attaque à la lutte des pêcheurs de son village contre la mort de leur métier et la transformation de leur baie en cimetière marin. La cinéaste indienne Ayisha Abraham réalise le portrait d'un gardien d'immeuble népalais, exilé de son pays. A travers lui, elle dévoile l'histoire d'un pays en crise, le Népal, et le présent de cette ville où il vit, en effervescence. Pedro Costa, quant à lui, filme des déracinés du Cap Vert à Lisbonne terrorisés par une future expulsion, s'inspirant d'une histoire qui lui est proche, et la transformant en véritable cauchemar. Wang Bing reconstitue, en caméra portée et plans-séquences, un moment terrible de l'histoire de la Chine, les tortures du régime totalitaire, dans les sous-sols désaffectés d'une usine en voie de destruction. Il fait ainsi surgir de ce décor voué à disparaître les fantômes qui hantent l'histoire de son pays. Enfin, la Belge Chantal Akerman en deux plans fixes, capte dans la baie de Shanghai l'hystérie moderne : d'immenses buildings recouverts d'écrans et d'images clignotantes, qui représentent «l'état du monde lié à la profusion des sons et des images, où pour finir, tout se montre et s'efface à la fois», dit-elle. De tout le film ressort ce même désir d'aller filmer une identité culturelle comme si elle était vouée à disparaître, justement, dans un tout image. Mais paradoxalement, les motifs de l'eau et de la terre qui circulent d'un film à l'autre, viennent souligner l'essentiel, ce sur quoi, en définitive, repose, immuablement, l'état du monde.

Ayant bénéficié d'un budget de plus de 300 000 euros, O Estado do mundo est une production entièrement portugaise de Lx Filmes pour la Fondation Gulbenkian, qui sera distribué au Portugal par Midas, en France par Pierre Grise Distribution, ainsi qu'au Royaume-Uni et en Ecosse. Des négociations sont actuellement en cours pour l'acquisition des droits à l'international.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Privacy Policy