Les pirates privés d'internet
Des centaines de milliers d'internautes britanniques qui piratent les films et émissions de télévision en les téléchargeant pourraient se voir priver de connection à internet si la volonté des députés l'emporte.
La Commission culturelle du parlement britannique, qui comprend des députés de tous les grands partis, a annoncé que les fournisseurs d'accès à internet étaient d'accord sur le principe avec ses conclusions. Selon elle, "Il serait certes gênant pour ce genre d'entreprises d'être responsables devant la loi de l'accès fourni à certains contenus, mais nous avons la ferme conviction que l'industrie devrait faire plus pour décourager le piratage".
Un survol des moteurs de recherches illégaux les plus populaires montre qu'en ce moment, les titres sortis récemment I Am Legend, National Treasure: Book Of Secrets, Hitman, Juno et Beowulf figurent au Top 10 des téléchargements.
Les sociétés de l'industrie du cinéma prévoient d'engager très vite des négociations avec les fournisseurs d'accès et de leur demander expressément que les pirates voient leur accès à internet suspendu. Selon les estimations du UK Film Council, le piratage a fait perdre environ 800 millions de livres à l'industrie en 2005. Compte tenu de l'expansion de l'internet et de la rapidité accrue des connections, les pertes en 2008 pourraient dépasser le milliard de livres.
Les fournisseurs d'accès britanniques se sont jusqu'ici méfié des négociations pour des raisons de protection de l'intimité. L'Association des fournisseurs d'accès à internet (ISPA en anglais) estime que "les founisseurs d'accès ne sont plus en mesure d'inspecter et filtrer chaque téléchargement qui passe par leurs réseaux, pas plus que la poste ne peut ouvrir chaque enveloppe".
Il faut ajouter que les téléchargements illégaux, notamment ceux des utilisateurs de BitTorrent, ont significativement ralenti l'internet. On estime la part du trafic internet des particuliers utilisant la technologie BitTorrent pour télécharger des vidéos à 50%.
Cette technologie révolutionnaire fragmente l'information vidéo en petits segments, trouve plusieurs sources qui ont déjà les fichiers-sources, télécharge lesdits segments en même temps sur le disque dur et les ré-assemble pour former un film entier ou une émission télévisée qui peuvent être visionnés sur l'ordinateur.
Comme un porte-parole de l'ISPA l'a expliqué, "Il y a de nombreux éléments différents qui font pression sur les fournisseurs d'accès et BitTorrent n'en est qu'un parmi d'autres, mais d'aucuns sont préoccupés par la part du trafic internet que cette technologie utilise. C'est une des choses dont les fournisseurs doivent se soucier à chaque nouveauté qui survient". En attendant, la société BitTorrent s'est entendue avec de grands studios (dont Warner, Paramount et Fox) pour diffuser des films légalement par internet moyennant le paiement d'un prix.
L'engagement des députés britanniques suit une initiative française soutenue par le président Sarkozy selon laquelle les auteurs de téléchargements illégaux pourraient se voir interdire l'accès à internet.
Les fournisseurs d'accès britanniques sont partagés au sujet des négociations proposées. Le grand fournisseur Virgin Media est favorable à l'initiative mais de son côté, British Telecom voit la violation des droits d'auteurs comme un délit civil et non pénal.
Les députés britanniques ont également demandé que le piratage sur caméra en salle soit traité comme un délit pénal et non civil.
(Traduit de l'anglais)
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