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BERLINALE 2008 Panorama

De l'art de disparaître

par 

Love & Other Crimes [+lire aussi :
bande-annonce
fiche film
]
, premier long métrage de Stefan Arsenijevic projeté hier soir dans la section Panorama, marque la quatrième présence à la Berlinale du jeune réalisateur Serbe, le "destin" ayant, dit-il, voulu que sa carrière commence par un Ours d'or en 2003 pour le court métrage nominé aux Oscars (A)Torsion, qu'il revienne présenter le film collectif Lost And Found en 2005 puis le projet de Love... l'année suivante au Marché de la Coproduction.

Son nouveau film est structuré selon la règle des trois unités : il se déroule en une journée, dans un lieu – l'univers gris-béton du Nouveau Belgrade – et raconte sobrement mais non sans poésie les adieux implicites d'Anica (interprétée par Anica Dobra) aux gens qu'elle aime, car le soir même, elle prendra l'argent du coffre de son compagnon pour s'en aller à jamais. La décision n'est pas facile à prendre : il y a d'un côté une réalité de plus en plus sordide dont les aspects écrasants sont soulignés par des grands angles impressionnants sur une architecture impitoyable, mais il y a de l'autre côté les gens, dont les visages et les regards apparaissent toujours en gros plan, et la question se pose de savoir si l'affection de ces êtres suffirait à retenir Anica.

Lors de la conférence de presse, Arsenijevic a expliqué que l'histoire qu'il raconte a à la fois une dimension personnelle (il a grandi dans ce quartier et s'est inspiré d'une histoire réelle) et un aspect socio-politique : ces dix dernières années, des centaines de milliers de Serbes, notamment des jeunes, ont émigré.

Le saut dans le vide qu'Anica s'apprête à faire, rejoué par deux scènes où l'on voit des personnages au bord du toit, prêts à sauter, Stanislav (Vuk Kostic), amoureux d'elle depuis toujours, hésite à le faire, car il sait par ses tours de magie mettre de la couleur dans cet univers qui s'affaisse. Dans Love & Other Crimes, les gens survivent pour ces moments d'évasion où ils mangent des oranges, regardent s'envoler un perroquet tandis que la télévision joue des feuilletons espagnols et qu'on entend en boucle la chanson "besame mucho... comme si c'était la dernière fois". On peut aussi disparaître par magie, semble-t-il.

Les ventes de Love & Other Crimes, belle aventure de coproduction européenne entre l'Allemagne (Coin Film), la Serbie (Art & Popcorn), la Slovénie (Studio Arkadena) et l'Autriche (Amour fou), sont assurées par la société allemande The Match Factory.

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