email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

BERLINALE 2008 Panorama / Italie

Zina et Shakira comme Thelma et Louise

par 

Corazones de mujer : un titre en espagnol en hommage à Pedro Almodovar pour qui Davide Sordella et Pablo Benedetti avaient écrit le scénario. Mais au vu des multiples engagements du cinéaste espagnol, le duo a décidé de tourner lui-même le film sous le pseudonyme de Kiff Kosoof, un nom d’art (kosoof signifie éclipse en arabe) dicté à l’origine par la peur d’un éventuelle fatwa: "le projet est né juste après l’assassinat de Theo Van Gogh et le fondamentalisme nous épouvantait" admettent volontiers aujourd’hui les réalisateurs qui traient des thèmes délicats pour la culture islamique comme l’homosexualité et la virginité féminine.

Les coeurs du titre appartiennent à Zina (Waldi Ghizlane) et à Shakira (Aziz Ahmeri). La première est une jeune femme de la communauté marocaine de Turin qui part à Casablanca pour une opération d’hymenoplastie (reconstitution de l’hymen) à la veille d’un mariage arrangé. La seconde est un travesti qui l’accompagne dans ce voyage qui marquera leurs vies.

"Nous sommes comme les serpents, nous changeons de peau" dit Shakira en jetant à la mer sa perruque platine avant de débarquer au Maroc où elle doit renoncer à son identité féminine. Une mue qui est aussi celle du réalisateur Davide Sordella : après Fratelli di sangue, un premier long métrage uniquement composé d’intérieurs et fruit d’un long travail avec des comédiens professionnels, voilà un road-movie très improvisé, interprété par des non-professionnels, riche en citations cinéphiles (du Lauréat à Thelma et Louise), où la fiction franchit la frontière du documentaire et où le vrai se mêle à la reconstitution.

"Nous voulions mélanger les cartes" expliquent Sordella et Benedetti (qui ont également signé respectivement le montage et la photographie). Un brassage sensible aussi dans la musique du film où s’enchevêtrent des rythmes et des influences hétérogènes, des notes marocaines rencontrant des chants maronites, des vers sépharades et même des musiques occitanes.

Auto-produit pour 5000 euros par 011films, Corazones de mujer n’a pas encore trouvé de distribution italienne. Les ventes internationales sont pilotées par Adriana Chiesa Enterprises.

(Traduit de l'italien)

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Privacy Policy