14/07/2008

Plus de dix ans après la fin de sa collaboration avec Jean-Pierre Jeunet (co-auteur de Delicatessen et La Cité des enfants perdus), le Français Marc Caro est retourné derrière la caméra avec le film de science-fiction Dante 01 [+lire aussi :
bande-annonce
fiche film]. Ce titre, qui sortira en Italie le 25 juillet prochain (distribué par Videa-CDE sur 40 copies), est une relecture du premier chant de La Divine comédie qui rejoue trois cercles de l'enfer de Dante dans un établissement psychiatrique futuriste mis en orbite.

“Mais pour moi, chaque film est un enfer", plaisante Caro (co-scénariste du film avec Pierre Bordage), qui par le passé a dû renoncer à beaucoup de projets trop coûteux et opte ici pour une oeuvre "avec peu de personnages et tournée entièrement en intérieur". Le budget était loin d'être colossal : "à peine 4,5M €, donc j'ai dû faire contre mauvaise fortune bon coeur. J'imaginais, par exemple, une base spatiale circulaire, mais finalement elle a été construite en forme de croix et au fond, ce n'est pas plus mal : mon personnage n'est pas un cowboy de l'espace mais un héros qui a une dimension religieuse, christique".

Ce héros est interprété par un Lambert Wilson messianique au crâne rasé, comme les autres prisonniers, tous affublés de noms évocateurs : Lazare, Moloch, Rasputin. “Chacun représente un péché ; ils contribuent à créer un univers symbolique", explique le réalisateur, conscient que “la science-fiction conduit souvent à la métaphysique". C'est donc une science-fiction pour adultes que Caro nous livre ici, comme en témoignent ses modèles, "avant tout 2001, odyssée de l'espace , puis THX 1138 et Solaris”.

"Entre le réalisme des frères Lumière et le fantastique de Méliès, j'ai toujours choisi, non sans masochisme, le second chemin, qui est également celui qu'a pris Cocteau”, poursuit Caro, qui fait en outre ses débuts comme dessinateur de bande-dessinée (sur une revue italienne nommée "Frigidaire") et s'est inspiré dans son film, sur le plan figuratif, des animations des Satoshi Kon et Katsuhiro Otomo.

Ce cinéaste "taoïste-punk" prépare à présent un scénario (commandé par Jean-Pierre Jeunet) aux antipodes des sombres recoins de Dante 01, "une histoire amusante, entre Buster Keaton et Jacques Tati”, annonce l'auteur brièvement pour ne pas tout dévoiler.

(Traduit de l'italien)