email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

VENISE 2008 Compétition / Italie

Pupi Avati entre nostalgie et horreur psychologique

par 

L'amour et l'amitié sont les "bruits de fond" (selon l'expression du cinéaste) du cinéma de Pupi Avanti qui, à trois mois de son sioxante-dixième anniversaire, amène à Venise Il papà di Giovanna, adapté du roman éponyme publié par lui simultanément à la Mostra. Il évoque ici l'amour d'un père pour sa fille et l'amour manqué d'une épouse et mère.

Le "papa" du titre, interprété avec l'habileté qui le caractérise par Silvio Orlando, est un professeur d'histoire de l'art falot installé à Bologne en 1938 (deux ans avant la décision de Mussolini de participer à la Deuxième Guerre Mondiale) dont le seul désir est de rendre heureuse sa fille Giovanna (Alba Rohrwacher), adolescente de dix-sept ans gauche et complexée. Il n'y parvient pas, pire : ses efforts ne font qu'accélérer la tragédie qui attend la jeune fille, victime de son éprouvante relation avec sa mère, la très belle Delia (Francesca Neri), constamment tenue à l'écart de l'exclusif rapport père-fille et amoureuse depuis toujours du gentil voisin (Ezio Greggio dans son premier rôle dramatique), agent de la police fasciste.

Le meurtre féroce d'une de ses camarades de classe mène Giovanna tout droit dans l'enfer de l'hôpital psychiatrique : la jeune fille régresse à un stade infantile, accompagnée de son père, tandis que la mère s'éloigne d'eux à la faveur de la pauvreté puis la guerre.

Avati nous livre ici des images superbes aux tons sépia de sa ville natale. Il a même reconstruit dans ses moindres détails, aux studios Cinecittà, la maison où il a vécu enfant pour y mettre en scène à partir d'un scénario extrêmement linéaire un film glaçant qu'on pourrait qualifier de film d'horreur psychologique. "Si ce personnage vous paraît inquiétant, je le suis aussi, a expliqué le cinéaste aux journalistes présents sur le Lido. Je n'ai pas vécu ce drame, mais je suis père d'une fille qui, à certains moments de sa vie, a eu quelques difficultés dans son rapport au monde, et moi aussi j'ai tâché d'être à ses côtés, avec énergie et affection, quitte à lui mentir pour qu'elle soit plus heureuse. J'ai mis dans ce film tout ce que je sais, de bien et de mal, sur la paternité".

Ce film, produit comme tous ses films par le frère du réalisateur, Antonio Avati, en collaboration avec Medusa et Sky, sera distribué par Medusa sur 250 écrans italiens à partir du 12 septembre. On croise les doigts pour que le film ait de bons résultats à la Mostra.

(Traduit de l'italien)

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Privacy Policy