email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

Maren Ade • Réalisatrice

"Montrer une relation père-fille dans toute sa complexité"

par 

- CANNES 2016 : La réalisatrice allemande Maren Ade parle de son audacieuse comédie familiale et sociale Toni Erdmann, film surprise de la compétition cannoise

Maren Ade • Réalisatrice
(© Festival de Cannes)

Entourée de ses deux excellents interprètes Sandra Hüller et l'Autrichien Peter Simonischek, et de ses associés dans la société Komplizen Film, la cinéaste et productrice allemande Maren Ade a retracé pour la presse internationale la genèse de son 3e long métrage, Toni Erdmann [+lire aussi :
critique
bande-annonce
Q&A : Maren Ade
fiche film
]
, un film vraiment étonnant qui n'a laissé personne indifférent lors de sa présentation en compétition au 69e Festival de Cannes.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

Aborder le sujet d'une famille compliquée a-t-il été le point de départ de votre désir de faire ce film ?
Maren Ade : Oui, je voulais parler depuis longtemps de la famille, du rôle que joue chacun de ses membres et des choses qui s'y répètent sans cesse. D'un côté, on éprouve le profond désir de rompre avec la famille, de recommencer à zéro. Donc, dans le film, on a le père qui est très farceur et qui va endosser une autre personnalité, celle de Toni, ce qui m'a donné la possibilité de raconter ces histoires de famille différemment.

Comment avez-vous développé la relation père-fille qui est au coeur du film ?
Pendant que j'écrivais le scénario, j'ai découvert que la relation père-fille est très forte, remplie d'émotions plus ou moins dissimulées, avec un aspect un peu agressif d'amour caché. Je souhaitais montrer une relation père-fille dans toute sa complexité et j'ai cherché à être très précise par rapport aux personnages et à ce qui leur arrive,  à toujours réfléchir comme si j'étais dans leur peau. Même si certaines choses n'étaient pas très plausibles, je voulais que tout reste possible, logique, et que les sentiments restent véridiques. Le film avait besoin d'un certain réalisme, sinon on ne s'identifie plus au récit. Nous avons donc beaucoup travaillé sur les émotions. Il fallait que les conflits internes soient communiqués aux spectateurs, tout en restant fidèle au récit.

Comment travaillez-vous ? Donnez-vous un scénario définitif aux acteurs ? Répétez-vous beaucoup ?
Je travaille très longtemps sur le scénario et quand il est presque terminé, je fais le casting. Ensuite, sur la base du scénario, nous travaillons longuement et dans le détail avec les acteurs. Pour ce film, Je n'ai pas beaucoup changé le scénario, mais parfois je l'ai modifie par rapport aux acteurs, y compris pendant le tournage. Et nous avons énormément répété. Mais comme Sandra Hüller et Peter Simonischek sont très connus au théâtre, ils ont l'habitude de ces répétitions assez longues.

Pourquoi avez-vous choisi Bucarest comme cadre principal de l'intrigue ?
La jeune femme de l'histoire travaille à l'étranger, dans le monde des affaires, et j'ai pensé que la Roumanie pouvait être un pays intéressant parce qu'il y a des liens économiques étroits avec l'Allemagne. Après la chute du communisme, beaucoup d'entreprises allemandes et autrichiennes se sont intéressées de très près à la Roumanie. Il y a des multinationales présentes et beaucoup de projets pour les consultants. Ce qui m'intéressait aussi, c'est qu'il existe une sorte de hiérarchie entre les pays de l'Union Européenne, et on retrouve cela également dans les entreprises. Enfin, au-delà du fait que nous avions de bonnes relations avec un coproducteur local, la Roumanie est un pays qui m'intriguait car j'aime beaucoup le cinéma roumain avec Mungiu ou Puiu par exemple.

Vous avez déclaré ne pas vouloir mettre d'accent féministe sur votre approche de votre personnage principal. Trouvez-vous que le débat actuel sur les hommes et les femmes est simpliste ?
On me dit effectivement que le personnage d'Ines est assez froid. Et comme on parle beaucoup actuellement des problèmes d'égalité entre les hommes et les femmes, tout le monde veut mon avis. Mais même si ce personnage est une vraie femme et que je suis une femme cinéaste, il n'a pas plus ou moins d'importance à mes yeux parce que c'est une femme. Il ne faut pas trop s'attacher aux histoires de genre. Je me sentais très proche de mes différents personnages et, en tant que spectatrice, je m'identifie souvent plutôt aux personnages masculins. Quand je regarde un James Bond, je m'identifie à James Bond et pas aux femmes. Donc il ne faut pas trop se focaliser sur le fait que le personnage d'Ines ne soit pas très féminin.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Lire aussi

Privacy Policy