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Natasha Arthy • Réalisatrice

Choc des cultures et des corps dans un film de kung fu danois

par 

Natasha Arthy, en compétition à Festival de Karlovy Vary en 2003 avec le film réalisé selon les règles du Dogme Old, New, Borrowed and Blue, y revient cette année avec un film de kung-fu danois intitulé Fighter [+lire aussi :
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fiche film
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, présenté dans le cadre de "Variety Critics Choice: Europe Now!". Ce titre, qui est son troisième long métrage, a été présenté au début de l'année dans la section Génération 14+ de la Berlinale. Il a déjà trouvé distributeur pour les États-Unis (IFC), le Royaume-Uni (Momentum) et la France (Europa Corp), entre autres.

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Cineuropa : Qualifieriez-vous Fighter de film de kung fu avec un message ou de film d'éducation qui utilise les arts martiaux à des fins allégoriques ?
Natasha Arthy : C'est un film d'éducation porteur d'un message qui passe par le moyen physique qu'est le kung-fu plutôt que par des mots. Fighter est un film pour jeunes qui évoque le besoin de mener une quête de soi-même sans pour autant perdre de vue les gens qu'on aime. Je pense que la plupart des jeunes gens savent ce que cela signifie, de vouloir autre chose que ce que leurs parents veulent. C'est un dilemme universel ; le message vaut pour tous les jeunes, quels que soient leur sexe, leur âge ou leur milieu social. Aujourd'hui, tout se passe très vite. Il s'agit de devenir un adulte le plus vite possible, de savoir ce qu'on veut et prendre beaucoup de décisions importantes. Évidemment, c'est encore plus difficile quand on grandit entre deux cultures et qu'on est une femme.

Le kung-fu est simplement un autre moyen d'exprimer cela. Il m'a paru plus amusant de dire ce que j'avais à dire par le biais de quelque chose de physique que de tout expliquer dans les dialogues. Le film y gagne en dynamisme et en rythme, ce qui convient bien à l'histoire d'une jeune fille en pleine lutte intérieure pour se trouver elle-même et trouver son chemin dans la vie. Au cours de mes recherches pour ce film, j'ai découvert que de nombreuses filles, au Moyen-Orient, pratiquent un sport de combat. J'ai trouvé que le fait formait un contraste intéressant par rapport à nos préjugés sur les femmes brimées - et c'est un beau symbole de sa lutte.

Comment avez-vous convaincu le maître chinois du kung fu Xian Gao (Tigre et Dragon) de travailler sur votre film ?
Nous l'avons appelé et il est venu au Danemark. Il est parmi les chorégraphes avec lesquels je me suis le mieux entendu. Il se donne vraiment à fond. Ses goûts et les miens correspondent. Au début, c'était un peu étrange d'avoir à communiquer par le biais d'un interprète mais quand sa fille est arrivée, c'est devenu très facile. Gao parle le chinois et un tout petit peu d'anglais. Angela parle les deux langues couramment et pratique des sports de combat. C'est en grande partie grâce à elle que tout s'est vraiment passé comme sur des roulettes.

Votre film parle de la deuxième génération des immigrants turcs au Danemark et au conflit culturel avec leurs parents. Avez-vous écouté beaucoup de conseils sur le sujet pour trouver le ton juste?
J'ai fait des recherches pendant un an, mais je me suis également rappelé la manière dont j'ai vécu la question lors de ma propre enfance. C'était aussi bien sûr une autre façon de souligner que le personnage principal du film est partagé entre deux cultures différentes. Avec les jeunes acteurs, j'ai essayé de montrer comment les choses sont vraiment, et nous avons essayé de le faire avec beaucoup d'amour, de loyauté et de respect. Nous avons discuté de tout, de leurs émotions les plus profondes à la manière dont les adolescents devraient exprimer ces sentiments. Cela ne m'intéressait pas de leur faire jouer quelque chose qu'ils n'auraient pas trouvé crédible. Il fallait qu'ils approuvent tout – c’est je le crois très important quand on travaille avec des acteurs non-professionnels.

Nous avons discuté des différences culturelles. Par exemple, est-ce qu'on attend vraiment de la plupart de jeunes Danois qu'ils suivent leurs propres envies indépendamment de ce que veulent leurs pères et mères ? Quand on grandit dans un autre milieu, turc ou moyen-oriental, les voeux de la famille et des amis pèsent beaucoup quand un jeune prend une décision. Suivre son coeur ou ses envies peut s'avérer beaucoup plus compliqué et avoir des conséquences bien plus graves pour l'individu et le reste de la famille par rapport à ce qui se passe dans une famille danoise moyenne.

Je pense toutefois que les sentiments de base de tous les jeunes sont les mêmes. Il est important de le souligner, à une époque où on parle trop de "nous" et "eux". Nous vivons dans une société pluriculturelle. C'est un don, pas un fardeau. Nous devrions nous intéresser les uns aux autres – c'est dans cette direction que va l'avenir.

Vous vous êtes faite connaître avec des films pour enfants et ados. Est-ce votre genre préféré?
Pas nécessairement. J'ai fait des films pour enfants, pour adultes et voilà à présent un film pour ados. En ce moment, je m'intéresse surtout à ce qui passionne les jeunes. On a tendance à oublier cela un peu trop vite au fil des ans. Qu'est-ce qui vous stimule, en tant que cinéaste?
Une bonne histoire avec des images dynamiques, et le fait que je n'arrive pas m'arrêter tant que je n'ai pas dit ce que j'ai à dire.

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