email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

FILMS Italie

Draquila, rires jaunes au Festival de Cannes

par 

"J'ai dépensé 200 millions en avocats et juges", a dit à la télévision Silvio Berlusconi. C'est son premier lapsus, la première perle qui suscite le rire dans Draquila – L’Italia che trema [+lire aussi :
bande-annonce
interview : Draquila – L’Italia che tr…
fiche film
]
, dont le titre a été choisi par les lecteurs du très populaire blog de la réalisatrice. Suivront d'autres perles et d'autres rires, jaunes bien sûr, car c'est une tragédie qui est au centre du documentaire d'enquête de Sabina Guzzanti : il s'agit du séisme qui, le 6 avril de l'année dernière, a détruit la région de l'Aquila et fait 308 victimes en tout dans les Abruzzes, et de ses conséquences – politiques, économiques et morales.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

Commençons par le début : pour le premier ministre italien et sa popularité en chute libre, soutient Guzzanti, ce tremblement de terre a fait figure de bénédiction inattendue, "comme si Dieu lui avait encore une fois tendu la main". Qu'y-t-il en effet de mieux pour nourrir la rhétorique du "président ouvrier" qu'une occasion de retrousser ses manches ? Ainsi, pendant que le centre historique est fermé à ses habitants, on repart à zéro ailleurs pour construire les "new towns" qui abriteront les locaux évacués, ceux que l'État a provisoirement logés dans des hôtels sur la mer et ceux qui, refusant de quitter leur terre, ont choisi d'habiter dans les camps plantés par la Protection civile.

Le Département de la Protection civile, avec sa gestion militarisée des campements (interdiction de s'assembler, de filmer, d'afficher et même de boire du café et du coca cola "pour ne pas exciter la population"), est précisément un des grands accusés du film, à commencer par son directeur Guido Bertolaso, dauphin de Berlusconi et ministre en puissance jusqu'à ce que son ascension ait été freinée par un autre séisme, celui-ci fait de tangentes politiques et de scandales sexuels.

Guzzanti renonce cette fois complètement à apparaître à l'écran, comme c'était le cas dans son précédent film, Viva Zapatero! [+lire aussi :
bande-annonce
fiche film
]
, pour se consacrer pleinement à l'urgence du documentaire d'enquête et accuser la Protection civile, qui au lieu d'affronter catastrophes et besoins prioritaires, organise des visites pastorales, des événements sportifs ou autres "grands événements" censé rapporter de l'argent et contourner les normes en matière de prestataires et de travaux publics. La réalisatrice donne aussi la parole aux habitants de la région, ceux qui voient en Berlusconi "le seul grand homme au monde qui fasse des miracles", mais aussi ceux qui, derrière les promesses, reconnaissent le style du démagogue et les slogans de campagne électorale.

Dans les brèches du récit comme dans les fissures des bâtiments que les armatures abandonnées ne soutiennent plus ressortent des tragédies individuelles (comme celle du père qui avant le séisme tranquillisait ses jeunes enfants et deux heures après les avait perdus) et du ridicule collectif. C'est le chaos d'une ville qui pourrait devenir celui de toute une démocratie. Si l'opinion publique italienne connaît déjà (sans doute) les faits et les noms qu'évoque Guzzanti, le public international les découvrira pour de bon au Festival de Cannes où le film, dont la sortie italienne est prévue pour le 7 mai par BIM, sera présenté dans le cadre des Projections spéciales.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

(Traduit de l'italien)

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Privacy Policy