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KARLOVY VARY 2017 Compétition

Little Crusader : un road movie médiéval abstrait

par 

- KARLOVY VARY 2017 : Le deuxième film de Václav Kadrnka, présenté en compétition, explore le symbolisme de la perte et des idéaux

Little Crusader : un road movie médiéval abstrait
Karel Roden dans Little Crusader

Six ans après que son premier long-métrage, Eighty Letters, ait fait sensation dans la section Forum du Festival de Berlin, le Tchèque Václav Kadrnka revient avec un road movie médiéval abstrait et très stylisé, Little Crusader [+lire aussi :
bande-annonce
interview : Václav Kadrnka
fiche film
]
, qui est en compétition officielle au 52e Festival de Karlovy Vary. À travers un mélange de symboles intrigants tissés dans une histoire minimaliste, celle d’un père qui cherche son fils perdu, Little Crusader invite le public à une quête de sens.

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Le film, inspiré d’un poème épique de Jaroslav Vrchlický sur la mythologique Croisade des enfants, met en parallèle petite enfance et rédemption dès la première seconde, à travers un citation. Le premier plan, un croisé marchant sur un sentier sous un soleil de plomb vu à travers une fenêtre, fait immédiatement comprendre au spectateur que Little Crusader n’est pas un film européen comme les autres : tourné au format 4:3, il garde son naturalisme au minimum, tandis que l’histoire jette ses tentacules de symboles et transferts de sens dans plusieurs directions.

Le scénario, écrit par Jiří Soukup, Vojtěch Mašek et Kadrnka, met au centre de l’intrigue le petit Janik (Matouš John), fils cadet d’un chevalier. Profitant du sommeil profond de ses parents, le voilà qui enfile son armure d’enfant et s’en va à l’aventure. Dès qu’il se rend compte de sa disparition, son père (Karel Roden), un chevalier à la retraite, se met à la recherche de Janik pour le ramener à la maison. Il est très attachant, ce père qui erre avec pour seule image de son fils à montrer aux gens un portrait en broderie. Naturellement, c’est une quête impossible, dans un monde où les villages sont éloignés les uns des autres comme des planètes, de sorte qu’il est facile pour le public de saisir l’efficacité symbolique de la tâche du héros : l’atteignable et l’inatteignable y sont réunis par le pouvoir de la foi. Le format oppressant évoque la “porte étroite” de la Bible, mais le symbolisme du film ne s’ancre pas dans l’idéologie chrétienne : il renvoie aux idéaux, à la difficulté de les suivre et à la manière dont les difficultés de la vie peuvent décourager quelqu’un d’atteindre son but.

Kadrnka n’use des décors médiévaux que comme d’un contexte pour l’histoire, parvenant ce faisant à souligner l’universalité des sujets qu’il explore ici. Le besoin d’avoir ces décors à obligé la production à aller en Italie, mais des paysages italiens nus, des forêts vertes et des sentiers de terre se dégage un esprit minimaliste qui est très efficace pour engager le public à se concentrer sur le visage de Roden, où l’on peut lire le silencieux désarroi d’un pauvre père qui ne trouve plus son fils. Le récit, dont les liens sont évidents avec cet événement apocryphe qu’est la Croisade des enfants (en 1212, des milliers de petits chrétiens auraient prévu d’affronter, armés de leur impossible innocence et du pouvoir de la foi, les troupes musulmanes pour les faire se convertir sur le champ), s’en sert surtout pour symboliser les sacrifices qu’il faut faire quand on cherche à atteindre un objectif spirituel.

Avec son minimalisme, son intrigue cryptique et son approche taciturne des difficultés de la vie et de la perte, Little Crusader n’est pas destiné à séduire le grand public, mais il devrait attirer l’attention des festivals aimant les films qui mettent le spectateur au défi.

Le film a été produit par Sirius Film, la société de Kadrnka, en coproduction avec Artileria (Slovaquie) et Tempesta Film (Italie).

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(Traduit de l'anglais)

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