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BERLINALE 2018 Forum

Critique : Infinite Football

par 

- BERLIN 2018 : Ce titre Corneliu Porumboiu qui se présente de manière déceptive comme un documentaire sur le football soulève un débat intéressant sur une certaine façon de voir la vie

Critique : Infinite Football

Le Roumain Corneliu Porumboiu semble préférer Cannes pour dévoiler ses films de fiction et Berlin pour ses documentaires. Quatre ans après la présentation du minimaliste The Second Game [+lire aussi :
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dans la section Forum, le chouchou de la Nouvelle Vague roumaine y revient avec Infinite Football [+lire aussi :
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, un documentaire intrigant à plusieurs niveaux sur le football et le choix d'une perspective stoïque pour aborder la vie. 

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Le héros du film, Laurenţiu Ginghină, est un employé de la Commune de Vaslui, la ville natale de Porumboiu, dont le passé "révolutionnaire" a été exploré dans son excellent premier long-métrage de fiction, 12h08 à l'est de Bucarest [+lire aussi :
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interview : Corneliu Porumboiu
interview : Daniel Burlac
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. On fait la connaissance de Ginghină dès la toute première scène, où cet homme d'âge moyen raconte au réalisateur (dans le champ de la caméra avec lui) comment il s'est cassé le pied lors d'une partie de football en 1986, ce qui a brisé ses rêves d'alors et continue d'avoir des conséquences dans sa vie présente. Le malheureux accident est en effet à l'origine d'un passe-temps singulier : la réinvention du football, avec de nouvelles règles qui pourraient rendre ce sport moins violent et encore plus populaire.

But what may at first seem (at least to a football fanatic) “heresy”, or the calculations of a frustrated man whose accident made him unable to ever go near a ball, suddenly and unexpectedly becomes something more. Football is only a pretext for a more relevant discussion on change, adversity, perseverance, and the continuous renegotiation of what is possible or what is not. It is a rather fresh and inspiring perspective on life, a meditation on its perfectibility, on taking something bad and turning it into something good.

Ce qui semble tout d'abord une hérésie (au moins pour un fondu de football), ou tout au plus des divagations de la part d'un homme frustré qu'un accident a éloigné de son sport, devient soudainement, sans qu'on s'y attende, quelque chose de plus. Le football n'est qu'un prétexte pour parler de manière générale du changement, de l'adversité, de la persévérance et de la renégociation continuelle de ce qui est possible ou pas. Le film présente une approche rafraîchissante de la vie à travers une méditation sur sa perfectibilité et sur la manière de transformer un malheur en opportunité. 

À travers des discussions qui passent aisément d'une référence à l'autre, des superhéros américains aux rêves des immigrants ou à des notions chrétiennes comme le châtiment et le repentir, le film joue avec le spectateur, aux fins de provoquer en lui une réaction. En l'espèce, la beauté vient effectivement du regard qu'on adopte : ceux qui n'auront pas envie de jouer le jeu considéreront ce documentaire comme une élucubration ennuyeuse sur le football, mais pour beaucoup d'autres, l'histoire de Ginghină et sa perspective très fonctionnelle par rapport la vie pourraient entraîner une renégociation de ce qu'on tient pour acquis. "C'est du football", disent beaucoup de gens ; Ginghină répond : "Eh bien, peut-être pas". Et on peut prolonger ce raisonnement à presque tous les aspects de notre existence, de ce qu'on tient pour acquis à ce qu'on considère impossible à changer.

Infinite Football rappelle un autre documentaire roumain récent, Planet Petrila [+lire aussi :
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d'Andrei Dăscălescu, où deux hommes très différents, un mineur (Cătălin Cenuşă) et un artiste (Ion Barbu) se battent contre une décision aberrante des autorités locales de démolir la mine de charbon de la ville, qui soutient l'économie de la ville depuis des siècles. À l'exemple édifiant de civisme qu'on trouvait dans l'histoire de Cenuşă et Barbu, celle de Ginghină ajoute un niveau de lecture philosophique flexible qu'on peut étirer à l'infini. 

Infinite Football a été produit par 42 KM Film, la société de Porumboiu. Les ventes internationales du film sont gérées par MK2 Films. En Roumanie, il sortira le 9 mars avec Voodoo Films.

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(Traduit de l'anglais)

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