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CANNES 2023 Un Certain Regard

Critique : Salem

par 

- CANNES 2023 : Entremêlant de multiples genres, Jean-Bernard Marlin délivre un film très ambitieux et imparfaitement abouti sur la tragique réalité de la vie dans les quartiers déshérités de Marseille

Critique : Salem
Dalil Abdourahim et Marysa Bakoum dans Salem

"Le monde invisible veut te parler. Écoute-le". À en croire Salem [+lire aussi :
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, le second long métrage de Jean-Bernard Marlin (révélé sur la Croisette en 2018 avec Shéhérazade [+lire aussi :
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), dévoilé au programme Un Certain Regard du 76e Festival de Cannes, il faudrait désormais un miracle pour sauver la jeunesse des zones les plus pauvres de Marseille, gangrenées et prisonnières du cycle des haines et vendettas entre gangs de quartiers rivaux où les armes à feu sèment la mort sur leur passage. Placez au milieu de tout cela un Roméo comorien et une Juliette gitane, saupoudrez d’un parfum entêtant de foi et de folie dopé au mysticisme et de fulgurances de cinéma fantastique, secouez l’ensemble d’une atmosphère à la frontière de la folie réaliste ambiante et de l’onirisme cauchemardesque, et vous obtiendrez un film sortant totalement de l’ordinaire sur le sujet du dérèglement social et de ses conséquences, mais peinant quand même à dompter le bouillonnement de ses multiples et souvent très bons ingrédients.

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Djibril (Dalil Abdourahim), 14 ans, ne le sait pas, mais c’est une odyssée en quête de sécurité pour son existence et celle de ses proches qui l’attend quand le jeune comorien du quartier des Sauterelles accepte, sur ordres du boss local Chat noir (Amal Issihaka Hali), d’organiser un rendez-vous devant le collège qui se transformera en guet-apens mortel pour l’un de ses amis du quartier rival des Grillons. Car Djibril est dans l’entre-deux, encore dans la spontanéité pleine d’espoir de l’adolescence et il aime d’un amour partagé la gitane Camilla (Marysa Bakoum) qui lui annonce qu’elle est enceinte. Mais c’est d’un fantôme et d’une prophétie de malédiction dont Djibril hérite, lesté du poids de devoir tenir sa langue pour ne pas dénoncer les coupables (qui le surveillent de près). Et une chose en entraînant très vite une autre dans la spirale de la violence et de l’hostilité de principe entre des communautés différentes refusant le dialogue, c’est bientôt d’un meurtre qu’il se rend lui-même coupable, un crime qui lui vaudra 12 années sous les barreaux. À sa sortie l’attendent les mêmes problématiques, mais une chose pourtant a profondément changé pour Djibril (Oumar Moindje) : il est convaincu que sa fille (Wallenn El Gharboui) va sauver le monde et il veut lui transmettre le don de guérison qu’il s’est découvert. Reste néanmoins à la convaincre, ce qui n’a rien d’évident (d’autant plus qu’ils ne se connaissent pas du tout) et à survivre dans le très dangereux et impitoyable climat criminel local…

Mélange de fresque naturaliste romanesque et de fantastique (incarné par des cigales mordorées), Salem baigne dans une ambiance à l’étrangeté visuelle immersive très forte amplifiée par une musique visant à plonger le spectateur dans un trip en miroir des troubles psychiques du protagoniste, le tout entrecoupé de coups de feu, de récits d’amitié et d’amour compliqués par le poids de l’environnement. Un chaos à travers lequel le film se fraye un chemin avec beaucoup d’audace, mais également dans une forme de confusion à l’image des visions de Djibril. Salem donne même parfois l’impression d’être l’enfant sous acide de Un prophète [+lire aussi :
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de Jacques Audiard en version Khamsa [+lire aussi :
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de Karim Dridi. Un alliage bizarre qui ne manque pas de qualités singulières mais dont la très vaste et nébuleuse ambition a échappé à l’évidence à son créateur, ce qui ne nuira cependant certainement pas à son potentiel de fascination culte.

Produit par Unité et Vatos Locos Productions, et coproduit par France 2 Cinéma, Salem est vendu par Goodfellas.

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