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SARAJEVO 2024 Open Air

Critique : My Late Summer

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- Dans son dixième film, Danis Tanović ne prend pas de risques et propose un plaisant mélange de comédie romantique et de mélodrame, situé sur une île croate

Critique : My Late Summer
Uliks Fehmiu et Anja Matković dans My Late Summer

À ce stade, on a vu assez de films croates pour savoir que ces insulaires "timbrés" ont leurs propres saints et reliques à ne surtout pas profaner, toucher ou traiter sans le respect qui leur est dû. Dans le nouveau film de Danis Tanović, My Late Summer, le panthéon d'un toute petite île lointaine anonyme réunit le Camarade Tito, la Vierge Marie, le club de football Hajduk Split et la voiturette de golf du maire (qui se trouve être également le propriétaire du seul bar local). Là, on rencontre aussi une ancienne combattante de la Seconde Guerre mondiale qui ne supporter pas la musique à sonorité allemande ou italienne, les vaches errante qui se font planer en ingérant de la marijuana, les bouteilles cachées étiquetées "expériences", les affaires de quartier pas franchement amicales et les honteux secrets des notables du coin – pas si bien cachés que ça, en fin de compte.

Il semble que Tanović, à ce jour le cinéaste le plus décoré de Bosnie (il a remporté l'Oscar du meilleur film en langue étrangère avec No Man’s Land [+lire aussi :
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), est devenu un régulier de l’ouverture du Sarajevo Film Festival. Il y a trois ans, il l'a faite avec Not So Friendly Neighbourhood Affair [+lire aussi :
critique
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, et l'y revoilà avec My Late Summer. Les deux films peuvent être définis comme des comédies dramatiques romantiques (avec une pointe de mélodrame) empreintes d’un humour connecté à des lieux spécifiques et à la mentalité des locaux, ce qui les rend difficiles à faire circuler sur le circuit international des festivals. Cela dit, comme son prédécesseur, My Late Summer devrait faire un beau parcours dans les pays d'ex-Yougoslavie.

Notre héroïne, Maja (Anja Matković, également coscénariste du film), arrive sur l'île avec une mission très spécifique : prouver que feu le capitaine de bateau Jakša était son père, afin de recevoir sa part de l'héritage. Comme la procédure risque de durer, elle décide de rester un moment. La seule option pour elle est de se faire embaucher comme serveuse au bar du maire Ićo (Goran Navojec), un emploi qui est assorti d’un logement gratuit. Sur place, elle rencontre un ancien expat aux États-Unis d’origine yougoslave, Saša (Uliks Fehmiu), qui se voit comme un aspirant écrivain et s’est installé sur l'île pour l’élément nostalgique de l’endroit. Une petite histoire d’amour naît, mais la situation du type est tout aussi compliquée que celle de Maja. Alors que la saison estivale touche à sa fin et que des incidents apparemment innocents surviennent qui menacent de détruire le fragile "écosystème" des relations humaines dans ce petit monde, les trois personnages vont devoir sérieusement réfléchir…

My Late Summer commence sur les chapeaux de roues : les dialogues ont du mordant, les boutades s'enchaînent, mais le réalisateur ne peut pas maintenir ce rythme, de sorte qu’il décide de passer, dans un premier temps, au registre de la comédie romantique, puis de se diriger vers le (mélo)drame, tout en usant assez frugalement de ce qu’il reste de réserves d'humour pour que le spectateur soit au moins un peu divertijusqu’à la fin. Au-delà d’Anja Matković, en pleine possession de son personnage, le reste des comédiens, dans des rôles secondaires et épisodiques, sont en gros abandonnés à l'improvisation, de sorte qu'ils optent pour un recyclage de leurs personnages habituels, avec des variations mineures.

La production resplendissante et la qualité technique du film sont à noter. La photographie de Miloš Jaćimović alterne entre des interludes montrant des vues de l'Adriatique de carte postale et des moments où la caméra, tenue à l’épaule, semble flotter, imitant ainsi l’état d’esprit prédominant sur l'île. Les décors de Veronika Radman complètent parfaitement les paysages locaux, ce qui fait de My Late Summer un film tout à fait agréable à regarder. Cependant, sa philosophie peu audacieuse et le fait qu’il rame un peu tout au long de sa deuxième moitié entravent ses ambitions.

My Late Summer est une coproduction entre la Croatie, la Bosnie-Herzégovine, la Serbie, la Slovénie et la Roumanie qui a été pilotée par Propeler Film, en coproduction avec Obala Art Centar, Baš Čelik, Tramal Films et Tangaj Production.

(Traduit de l'anglais)

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