27/02/2025 - Helena Taberna adapte le roman Feliz final d'Isaac Rosa pour montrer du doigt ces situations, très reconnaissables, qui accélèrent l'évaporation des sentiments amoureux

Dans Feliz final, un livre d'Isaac Rosa qui a eu un succès considérable auprès de la critique comme du public (il est également paru en Italie, en France et en Allemagne), tout se passe à rebours, comme dans le cauchemardesque Irreversible de Gaspar Noé : le final est le commencement du roman, qui se déploie en sens inverse du sens naturel du passage du temps. On assiste ainsi dans les premières pages à l'éclatement d’un couple et on a droit, en guise de dénouement, aux exquis débuts, au moment où les deux personnages tombent amoureux. Cependant, la réalisatrice navarraise Helena Taberna (en complicité avec sa coscénariste Virginia Yagüe) n’a pas respecté rigoureusement l’œuvre originelle : dans son nouveau long-métrage, Nosotros [+lire aussi :
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fiche film], tout en rompant avec la structure narrative habituelle d'un film et en s'ouvrant sur une séparation, comme le livre, elle fait des sauts entre les différentes étapes de la relation décrite, pour montrer comment l’amour naît, grandit, se détériore, hurle, se débat et agonise. Le film arrive dans les salles espagnoles ce vendredi 28 février, distribué par Vértigo Films.

Nosotros, interprété par une María Vázquez et un Pablo Molinero omniprésents, et très engagés dans leurs rôles, en appelle dès le titre à notre empathie. Sa prémisse narrative est aussi simple et complexe en même temps que toute relation sentimentale : deux personnes se rencontrent, se courtisent, tombent amoureuses, décident de vivre ensemble, partagent le canapé et forment une famille. Ici, l'ensemble de l'opération va durer une décennie (comme dans la récente série Los años nuevos [+lire aussi :
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L'entourage (la famille et les amis) joue un rôle plus important qu'on ne pourrait le penser dans le devenir et les décisions d’une relation de couple qui passe par différents états, du bonheur et de l’enthousiasme initial, quand les projets communs se consolident, cimentés par la complicité, à la détérioration que provoquent la routine, les problèmes, l'incommunication et, surtout, la jalousie.

Nosotros procède en faisant défiler des scènes du quotidien, comme une fresque où brillent les moments lumineux, mais où guettent aussi les passages sombres et tendus. L’amour romantique est un fantasme que nous ont vendu des chansons, des films et des poèmes, mais la réalité finit par broyer ce vase si délicat qui, pour peu qu'il ait été flétri par le manque de confiance, ne brillera jamais plus de la même manière.

C’est précisément dans ces moments critiques que Nosotros prend son envol, car les moments doux finissent par répéter une formule vue et revue dans mille comédies romantiques. Le recours à un montage déconstruit engage par ailleurs le spectateur à exercer son intelligence et à être attentif à ce qui est raconté sans en perdre aucun détail, mais ce recours comporte aussi le risque de l'embrouiller. En somme, le film se pose en reflet (on y voit d'ailleurs une abondance de reflets : sur les vitres des fenêtres, les vitrines, les portes...) où il est facile de se reconnaître quand on se sent coupable après une rupture, qu'on cherche des réponses impossibles à l'échec d'une relation et qu'on accepte finalement, résigné, l'idée que la passion lumineuse des débuts, à présent lointaine, se soit soldée par un final malheureux.

Nosotros a été produit par Lamia Producciones, Vértigo Films et Nosotros La Película A.I.E. Les ventes internationales du film sont assurées par Latido Films.

(Traduit de l'espagnol)