05/09/2025 - VENISE 2025 : Le réalisateur espagnol Gabriel Azorín signe un film posé, radical et dialogué qui parvient à conjuguer passé et présent dans un lieu ancré dans le temps

Quand le voyageur visite des ruines historiques en Grèce, en Turquie ou en Italie, par exemple, il s’imagine, en voyant les restes conservés de constructions anciennes, comment ces dernières pouvaient être quand elles étaient sur pied, et surtout ce qu’on y faisait. C’est ce qu'avaient recréé Alejandro Amenábar dans la superproduction Ágora [+lire aussi :
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fiche film] ou encore Ridley Scott dans la saga Gladiator (pour ne citer que deux exemples de péplums, le genre en comprenant une foule) et que fait à présent à son tour Gabriel Azorín, mais dans un format beaucoup plus indépendant de cinéma d'auteur pur et dur, avec un budget bien plus réduit et sans effets spéciaux. Le réalisateur, qui fait partie du collectif artistique lacasinegra et auquel on doit déjà Los mutantes [+lire aussi :
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fiche film] (2016), situe Anoche conquisté Tebas [+lire aussi :
interview : Gabriel Azorín
fiche film] dans les thermes romains de Bande, construits au premier siècle après Jésus-Christ dans la province galicienne d'Ourense, tout près du Portugal. Le film a fait sa première mondiale aux Giornate degli Autori de la 82e Mostra de Venise.

Dans ce lieu historique et mystérieux débarque un groupe de cinq amis, après avoir traversé une zone marécageuse. Ces bains antiques sont réapparus après avoir passé longtemps sous les eaux d'un réservoir et des curieux de tous les âges se rendent souvent sur place pour voir ces lieux redécouverts. Il y a toutefois quelque chose de mystérieux dans ces eaux thermales, comme si elles influaient sur l'état d'âme des hommes et leur donnaient le courage de dire des choses qu'ils n'avaient jusque-là dites à personne. À la tombée de la nuit, les gens confessent leurs sentiments, et leur peur de perdre leur meilleur ami pour toujours.

Anoche conquisté Tebas, scénarisé par Azorín et Celso Giménez (avec des dialogues en galicien, en latin et en portugais) repose donc sur une action minimale et des dialogues qui vont beaucoup plus loin que ce que disent les mots à eux seuls, grâce au regard et au langage corporel des acteurs – des corps non dépourvus d'un certain homoérotisme qui semblent tout droit sortis d'un film de Derek Jarman ou de Claire Denis. Ici, les hommes (guerriers, compagnons, amis… ou peut-être quelque chose de plus) se dénudent pour entrer dans l'eau et se détendre tout en méditant à voix haute sur le futur, leurs relations et leurs désirs les plus secrets. La camaraderie se teinte ponctuellement d’amour, d’entraide et de désir, dans quelques scènes au rythme si calme qu'elles pourraient provoquer des allergies chez les amateurs de cinéma tout de bruit et de fureur.

Ce long-métrage radical et courageux, riche en plans fixe, utilise des éléments du présent (des téléphones portables, des jeux vidéos, ou leur simulation, et des applications) tout en récréant les costumes et l’état d’âme des guerriers d’antan, offrant ainsi des moments d'un lyrisme et d'une beauté tout particuliers, des moments de cette rêverie à laquelle portent la nuit, l'obscurité et la vapeur d’un bain chaud réconfortant.

Anoche conquisté Tebas est une coproduction hispano-portugaise qui a réuni les efforts de DVEIN Films, Filmika Galaika et Bando à Parte. Les ventes internationales du film sont gérées par MoreThan Films. En Espagne, il sera distribué par Begin Again Films.

(Traduit de l'espagnol)

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Gabriel Azorín
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