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NAMUR 2025

Critique : Les Baronnes

par 

- Quinze ans après Les Barons, Nabil Ben Yadir revient avec un film co-réalisé avec sa mère Mokhtaria Badaoui qui propulse des héroïnes habituellement absentes des salles obscures

Critique : Les Baronnes
Saadia Bentaïeb, Rachida Bouganhem, Halima Amrani et Rachida Riahi dans Les Baronnes

Plus de quinze ans sont passés depuis la présentation survoltée en ouverture du Festival International du Film Francophone de Namur du premier long métrage de Nabil Ben Yadir, Les Barons [+lire aussi :
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. A l’époque, le cinéaste bruxellois surprend tout le monde. Il n’a pas la carte comme on dit, n’a pas fait d’école de cinéma, mais débarque animé d’une folle envie de faire des films, et d’un talent et d’une créativité qui forcent le respect. Le film suit les tribulations d’un jeune gars des quartiers, de Molenbeek plus précisément, et de sa bande de copains, sur un ton aussi poétique que comique, n’oubliant pas en passant de faire leur peau aux stéréotypes.

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Après avoir réalisé trois autres longs métrages explorant différents genres (le film sociologico-historique avec La Marche [+lire aussi :
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, le polar bien noir avec Angle Mort [+lire aussi :
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, et le film brûlot avec Animals [+lire aussi :
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), il revient avec Les Baronnes, un nouveau film de groupe, qui propulse sur grand écran des héroïnes habituellement absentes des salles obscures : les daronnes issues de l’immigration maghrébine que l’on croise pourtant tous les jours dans les rues de Molenbeek. En ce sens, il ne s’agit donc pas d’une suite des Barons mais plutôt d’une variation. On reprend les décors, ou en tous cas le quartier, le ton qui oscille entre poésie et comique, une interrogation sociétale sur la place de populations minorisées, ce qui fait des Baronnes une sorte de spin-off malicieux, dont l’initiative revient d’ailleurs à la propre mère du réalisateur, qui co-signe le film.

Co-écrit et réalisé avec sa mère Mokhtaria Badaoui, Les Baronnes c’est donc une histoire de famille, que ce soit devant ou derrière la caméra. Celle de Fatima, daronne dans la fleur de l’âge (passée 60 ans donc), aux petits soins pour son mari, et les gens qui l’entourent. Alors qu’elle attend patiemment le retour de son cher et tendre, parti régler quelques problèmes techniques dans leur future maison qu’ils construisent au pays, elle apprend que ce dernier y mène en réalité une double vie avec sa deuxième femme - forcément plus jeune. Encouragée par ses amies, elle décide de (re)prendre son envol, et de réaliser enfin un rêve abandonné en se mariant : jouer un jour Hamlet sur scène. Fatima et sa troupe désormais théâtrale vont alors devenir malgré elles les têtes d’affiche d’une production qui les dépasse.

Fatima mettra un peu de temps à goûter à sa nouvelle liberté. Mais Ben Yadir et Badaoui eux semblent s’en être donné à coeur joie pour donner vie à cette émancipation tardive dont le théâtre est le moteur. Ils s’autorisent toutes les audaces de mise en scène, lorgnant vers le théâtral, le surréaliste ou l’absurde. De toutes façons, le film est placé dès ses prémices sous le signe du conte : l’imagination, des personnages comme des auteurs, est au pouvoir. Porté par son casting qui mêle la chevronnée et toujours impeccable Saadia Bentaïeb, et son irrésistible gang de Baronnes, composé des nouvelles venues, Rachida Bouganhem, Halima Amrani et Rachida Riahi, le film réjouit par sa vivacité et émeut lors de quelques moments à la poésie suspendue, comme cette danse où Fatima reprend symboliquement le pouvoir en répudiant son mari.

Les Baronnes est produit par 10.80 films (Belgique), en coproduction avec Samsa Film (Luxembourg), A Team Productions (Belgique), Special Touch Studios (France) et Komoko (Belgique). C’est Cinéart qui distribuera le film au Benelux. La sortie belge est prévue le 3 octobre prochain.

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