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SÉVILLE 2025

Critique : Bajo el mismo sol

par 

- Ulises Porra signe son premier film en solo qui, sous son apparence d'épopée colonialiste, cache un émouvant conflit de personnages mis face à leur propre misère

Critique : Bajo el mismo sol
Valentina Shen Wu, Jean Jean et David Castillo dans Bajo el mismo sol

Jusqu’ici, Ulises Porra avait à son actif deux longs-métrages (Tigre et Carajita, qui leur a valu une mention spéciale à San Sebastian, dans la section New Directors) coréalisés avec l'Argentine Silvina Schnicer. Pour confectionner son nouveau film, le réalisateur catalan a dû affronter non seulement les complications géographiques, naturelles et climatiques qu'implique le fait de tourner un long-métrage presque intégralement dans la jungle dominicaine, mais aussi le fait de travailler, cette fois, en solo. L'excitant résultat de ses efforts est Bajo el mismo sol [+lire aussi :
bande-annonce
interview : Ulises Porra
fiche film
]
, qui a fait sa première mondiale à Toronto dans la section Centrepiece et raflé trois prix à Biarritz, et qui concourt à présent au 22e Festival du cinéma européen de Séville.

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Le titre de ce travail (litt. "sous le même soleil") exprime l'idée que nous sommes tous éclairés par le même astre. Cette réalité implacable démocratise l'humanité et nivelle tous les êtres, car le soleil ne tient pas compte de leur statut social, de leur fortune ou de l'époque historique dans laquelle ils vivent : ses rayons illuminent la planète depuis des temps immémoriaux. Ainsi, bien que l’action de ce film se déroule à l’époque coloniale, ses personnages pourraient parfaitement être assis à côté de nous au cinéma pendant qu'on vit cette épopée extrêmement immersive, grâce au spectaculaire travail fait sur le son et la photographie.

Porra, également scénariste et monteur de Bajo el mismo sol, y raconte comment, en 1819, un héritier espagnol sensible (incarné par David Castillo, célèbre en Espagne pour son rôle dans la série comique Aída), une tisserande chinoise péremptoire (Valentina Shen Wu, pour la première fois à l'écran) et un déserteur haïtien myope (Jean Jean) se battent pour trouver leur place dans ce carrefour culturel compliqué que sont les Caraïbes coloniales, tout en s'embarquant dans un ambitieuse entreprise : implanter une usine de soie sur l’île d’Hispaniola.

Bajo el mismo sol, qui se rapproche (mais à des latitudes plus modestes), de certaines œuvres de Werner Herzog (Aguirre, la colère de Dieu, Fitzcarraldo), de Ciro Guerra (L’Étreinte du serpent) ou de Carlos Saura (El Dorado), ne se contente pas de décrire de près cette période tourmentée : le film s'attarde en particulier sur les différends initiaux puis la nécessaire cohabitation de trois êtres humains qui, en unissant leurs forces, cherchent à survivre à l'adversité de l'environnement, à se délester de certains fardeaux, à ouvrir leur cœur et à avoir d'autres personnes sur lesquelles s’appuyer. Ainsi, ils se mettent à construire quelque chose qui s’apparente à une famille (atypique), et qui va les aider non seulement à avancer dans leur projet d'entreprise, mais aussi à se trouver eux-mêmes.

L’empathie qu'on ressent forcément pour ces trois antihéros devient pour Ulises Porra une arme imparable. En effet, on se rapporte sans mal aux carences affectives de ces trois personnages, aux contraintes qui leur sont imposées et à leurs misères secrètes. S'ils viennent de continents différents, ils souffrent de la même inquiétude, du même déracinement et du même sentiment d’abandon que n'importe qui d'entre nous peut ressentir aujourd’hui.

Bajo el mismo sol a réuni les efforts de la République dominicaine et de l’Espagne à travers les sociétés Wooden Boat Productions, Alta Isla Films et Fasten Films. Les ventes internationales du film sont assurées par l’agence brésilienne Habanero Film Sales.

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(Traduit de l'espagnol)

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