03/03/2008

Un agneau se débat dans un effort inutile pour fuir. Il a été empoisonné à la dioxine et doit être supprimé, victime innocente sacrifiée sur l'autel des barbaries humaines. Cette image hautement cinématographique renferme toute la substance d'un documentaire au titre sarcastique de Biùtiful cauntri qui, après avoir été applaudi aux festivals de Turin et Rotterdam, arrive dans les salles italiennes sur 20 copies grâce aux efforts de Lumière & Co.

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Entre les 1200 décharges abusives qui apparaissent en Campanie, entre ces bergers et paysans qui, littéralement, luttent contre la mort, dans l'enchevêtrement inextricable des intérêts du crime organisé, de l'industrie du Centre-Nord et de la politique (locale et nationale), on trouve une Italie qui risque sérieusement de perdre la partie de l'avenir. Biùtiful cauntri ouvre une fenêtre sur un territoire martyrisé (nous sommes ici entre Acerra, Qualiano, Giugliano et Villaricca), dominé par la criminalité, où les résistants sont peu nombreux à combattre cette dégradation. L'impact de ces images (comme celle de ces fraises cultivées à quelques mètres de déchets toxiques - cadmium, aluminium et arsenic) montrant une version lente de Tchernobyl est brutal.

Biùtiful cauntri, film au budget de 60 000 euros dont le tournage a duré un an, est signé par Esmeralda Calabria (monteuse de renom à laquelle on doit Romanzo criminale [+lire aussi :
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fiche film], Le Caïman [+lire aussi :
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fiche film] et le prochain Paolo Virzì Tutta la vita davanti), Andrea D'Ambrosio et Peppe Ruggiero, journaliste qui s'est occupé du "Rapport Écomafia" de Legambiente et arrive à point nommé pour montrer du doigt une urgence parmi les plus dramatiques du moment, tandis qu'on annonce le procès du gouverneur de Campanie, Antonio Bassolino, et des dirigeants d'Impregilo pour la catastrophe des déchets survenue à Naples. "Mais, expliquent les réalisateurs, nous voulions surtout montrer les sentiments et l'émotion de ceux qui subissent tout cela".

(Traduit de l'italien)