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FIDMARSEILLE 2023

Critique : L’Île

par 

- Damien Manivel signe une nouvelle expérience cinématographique passionnante en entremêlant making of et récit ultra sensible d’une ultime nuit sur la plage de sept jeunes amis

Critique : L’Île

"C’était la dernière soirée de l’été, la veille de mon départ à Montréal. Avec mes amis, Olga, Damoh, Céleste, Ninon, Jules et mon frère Yon, on avait décidé de continuer la soirée sur l’île. On avait l’habitude de se retrouver au pied du grand rocher : c’était cet endroit qu’on appelait l’île." En cinq longs métrages, le cinéaste français Damien Manivel a imposé sa voix singulière d’auteur expérimentateur dans un style où se mêlent la dimension corporelle, la puissance émotionnelle des visages et un réalisme épuré à la lisière de la poésie. Après entre autres Takara, la nuit où j’ai nagé [+lire aussi :
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(Venise Orizzonti 2017), Les enfants d’Isadora [+lire aussi :
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(Léopard de la mise en scène à Locarno en 2019) et Magdala [+lire aussi :
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(ACID Cannes 2022), c’est à la fois un approfondissement et un nouvel horizon qu’explore le cinéaste avec L’Île [+lire aussi :
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, mention spéciale de la compétition nationale et vainqueur de la compétition Ciné+ au 34e FIDMarseille.

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Oeuvre étonnante enchevêtrant avec habilité et une grande fluidité (le réalisateur est également crédité au montage et à la musique) une sorte de making of et une fiction saisissant à la perfection un instant de jeunesse à tel point qu’il pourrait aussi bien s’agir d’un documentaire, L’Île se révèle un cocktail relativement inédit dont les motifs conceptuels se fondent dans la captation de ce moment si particulier de la fin de l’adolescence où les groupes les plus soudés sont sur le point de se dissoudre quand pointent de nouveaux caps individuels vers l’âge adulte. C’est ce temps suspendu en une nuit empreinte de nombreux sentiments (communion festive frénétique, mélancolie naissante, peur de l’inconnu, etc.) que traverse le film.

"Qu’est-ce qui a pu s’imprimer en elle de suffisamment fort comme images, même si c’est un détail ? Quelque chose de mémorable". Damien Manivel peaufine les étapes du récit en répétant (en salles puis de jour sur la plage) avec ses jeunes protagonistes. "Inspirer l’air de l’île", "parmi les ruines de la soirée, elle passe", "elle touche le rocher", "le groupe se déchirait" : le départ programmé à l’aube de Rosa (Rosa Berder) est le fil conducteur de la nuit. Les sept protagonistes dansent, s’ébrouent et s’éclaboussent dans l’eau, s’aiment, échangent des confidences, des promesses et des inquiétudes fatalistes ("tu voudras qu’on aille se balader sur l’île. L’île, elle n’existera plus, la mer l’aura engloutie"), s’enivrent, se partagent cigarettes et joints (certains sont malades), chantent La Llorona (celle qui pleure), se disputent, se réconcilient… Le cinéaste donne de nombreuses indications hors champ, des répliques sont soufflées, les scènes filmées des répétitions se mêlent à celles du "vrai tournage", la voix-off de Rosa s’intercale dans le déroulé, on regarde la lune (les variations des émotions) au ralenti et l’expressivité des sentiments intimes s’épanouit grâce à un cadrage en mouvement, souple et très rapproché, le tout faisant de L’Île à la fois un passionnant décryptage de fabrication cinématographique et une captation lumineuse d’une nuit de la vitalité de la jeunesse, sur une plage, au crépuscule de l’été.

Produit par MLD Films et vendu à l’international par The Open Reel, L’Île sera distribué dans les salles françaises le 27 mars 2024 par Météore Films.

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